Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/97

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rice ? Je conviens, Madame, qu’on doit faire beaucoup pour une belle Perſonne ; mais, c’eſt pouſſer les Choſes un peu loin, que de mettre l’Europe en Feu. C’eſt renouveller la Guerre de Troie, & armer avec moins de Sujet que Ménélas ; puiſqu’il redemandoit ſa Femme, & que François I alloit chercher celle d’autrui. Et quel eſt le Politique du Tems de ce Monarque François, qui ſe fût figuré que la fameuſe Bataille de Pavie n’étoit qu’une Suite d’une Amourette imaginaire de ce Prince, occaſionnée par la Débauche de l’Amiral ſon Confident & ſon Miniſtre ?

Si nous pouvions deméler la Moitié des véritables Cauſes des Evénemens arrivez dans les dernieres Guerres, que d’Intrigues de Femmes, de Jalouſies outrées, d’Ambitions demeſurées, n’apperceverions-nous pas ? Bien des Gens aſſûrent, que les Femmes ſont les ſeules Cauſes du Siege de Lille, de la Levée de celui de Turin, & de la Conſervation de Toulon. Aucun Hiſtorien, juſqu’ici, n’a ôſé écrire ce qu’il en penſoit. Qui ſait ſi ceux, qui viendront après nous, auront quelque Idée de ces Reſſorts cachés, ou s’ils s’en tiendront ſim-