Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/98

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plement à ce qu’ils trouveront déjà écrit ? Qui pourroit ſavoir au vrai ce qui s’eſt paſſé entre le Prince Condé, Mr . de Turenne, & Louvois ? Qui pouroit pénétrer tous les Reſſorts, que la jalouſie de ce Miniſtre a fait agir ſucceſſivement contre ces Généraux, découvriroit des Particularitez qui ſerviroient peut-être plus à illuſtrer ces Grands-Hommes, que tout ce qu’on a dit d’eux. Il ſeroit beau de ſavoir comment ils ont trouvé le Secret de battre les Ennemis du Roi, & de ſe défendre de ceux qu’ils avoient auprès de lui, & qui tâchoient de les faire échouer. Combien d’autres Généraux perdroient leur Gloire, ſi l’on ſavoit les Motifs auxquels ils en ſont redevables ? Que de Batailles gagnées par les Avis d’un Miniſtre ſuborné, & traitre à ſon Maître ! Que de Places rendues, qu’on auroit pu aiſément ſecourir ! Ces Choſes ſont cachées d’un Voile impénétrable. Nous n’appercevons que ce qu’on veut bien nous laiſſer croire : &, comme dit Brantome, Dieu ſçait tout, & ſe moque de nous.