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Page:D’Indy - Beethoven, Laurens.djvu/102

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LUDWIG VAN BEETHOVEN

tion à la Cour d’Autriche ? C’est qu’en ce temps-là ses amis, le comte Lichnowsky et l’archiduc en tête, lui ont persuadé d’écrire une Messe tout spécialement pour l’Empereur. S’ils ont mis à profit les jours de la fête des personnes impériales pour donner une de ses ouvertures au théâtre de Josephstadt et pour faire reprendre Fidelio à la Porte de Carinthie, c’est qu’ils espèrent, à la faveur de ces manifestations de loyalisme, obtenir pour leur protégé la place laissée vacante par feu Teyber, le compositeur de la Cour. Le comte Dietrichstein, surintendant de la musique, en fait son affaire. Par amitié pour l’archiduc, François II, dont le ministre des finances venait d’autoriser l’introduction, en franchise, d’un piano anglais destiné à Beethoven, eût peut-être consenti à prendre un sourd pour maître de chapelle, sans l’état précaire des finances autrichiennes. Mais Teyber ne fut pas remplacé. Et l’on ne saurait en faire un crime au souverain qui, après Austerlitz, supprimait les desserts sur toutes les tables de la famille impériale pour donner quelques florins de plus à la défense du pays. On hésita longtemps à informer le bon Beethoven de ce nouveau déboire. La Messe de l’Empereur devait rester inachevée. Beethoven était d’ailleurs dans l’enfantement d’un nouveau chef-d’œuvre : la IXe symphonie, qu’il destinait à ses amis de la Philharmonic Society de Londres. Tout l’irrite alors. Il quitte une villa parce que son propriétaire, le baron Pronay, lui adresse un salut aimable toutes les fois qu’il sort de chez lui ; il court nu-tête sous l’orage, oublieux de l’heure du dîner, parfois de celle du coucher ; on le prend pour un vagabond et on l’emmène au poste. — Le colosse sort enfin tout armé du cerveau de Jupiter ; et voilà Jupiter tout ragail-