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L’ARTISTE ET L’ŒUVRE MUSICAL

niques ; et c’est très justement que, dans l’article dont je citais tout à l’heure un fragment, M. Paul Dukas a pu dire : « La langue de César Franck est rigoureusement individuelle, d’un timbre et d’un accent jusqu’à lui inusités et qui la font reconnaître entre toutes. Aucun musicien n’hésiterait sur l’attribution d’une phrase encore inconnue du maître. La frappe harmonique, le contour de sa mélodie, la distinguent de toute autre aussi nettement qu’une phrase de Wagner ou de Chopin. Et peut-être n’est-ce qu’à la condition d’être doué d’une originalité musicale aussi puissante qu’il est permis de rechercher la grande expression, l’accent impersonnel à force de généralité, qui caractérise l’art classique. En tout cas, on peut affirmer sans crainte d’erreur que c’est de l’alliance de cette expression-là, se manifestant au moyen d’une forme traditionnelle, modifiée à l’infini par les particularités d’un vocabulaire et d’une syntaxe inouïs jusqu’à elle, que l’œuvre de César Franck prend toute sa grandeur. »

Pour se mieux rendre compte de la justesse de cette observation, il convient d’examiner de plus près encore le style du maître, et cet examen, on va le voir, aura pour résultat de constater ceci, que, dans la généralité de son