Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

passerelle, ensuite ce fut l’ombre dans le couloir.

Lecouvreur s’en inquiéta :

— Mais, dites-moi… on se croirait dans un tunnel.

Tout était noir, impossible de lire sur les portes les numéros des chambres. M. Goutay fit observer qu’en février la nuit tombait vite. L’été, le couloir resplendissait. Il ajouta, magnifique :

— Du reste l’électricité est partout…, et après une pause : même aux cabinets.

Les visiteurs marchaient à la file. Les portes, espacées de deux mètres en deux mètres, faisaient dans la nuit des taches d’un noir plus épais. Lecouvreur en compta treize, toutes à sa gauche. L’étage visité, ils revinrent sur leurs pas et gagnèrent le second. C’est alors que Louise Lecouvreur demanda à voir les chambres.

Mme Goutay, pincée, lui répondit :

— Bien sûr, Madame, bien sûr. C’est tout au grand jour ici… Philippe, tu as les clés ?

Au hasard, sembla-t-il, M. Goutay ouvrit une porte. La chambre était si petite qu’il n’y pouvait guère tenir qu’un visiteur à la fois. Ils y pénétrèrent tous les six, à tour de