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billait, plongée dans ses pensées, sans un regard vers la glace.

« Les Lecouvreur cherchent une bonne, se disait-elle. Je pourrais peut-être faire l’affaire. C’est Pierre qui serait content… »

La besogne de l’hôtel ne l’effrayait pas. À l’orphelinat, elle avait appris à coudre, à faire le ménage. Pour elle, l’essentiel était que Pierre lui restât.

Ce matin-là, le café était vide, Lecouvreur essuyait des verres au comptoir. Renée poussa la porte, et le cœur battant, s’avança.

— Bonjour, lui dit le patron. Vous venez boire quelque chose ?

Elle secoua la tête et balbutia :

— Vous avez besoin d’une bonne ?…

— Oui. Mais ma femme n’est pas là. C’est elle que ça regarde…

Renée soupira, elle tremblait de voir repousser sa demande. Quelle autre place pouvait-elle espérer ? Elle s’assit. Enfin la patronne arriva.

— Mademoiselle voudrait entrer à notre service, expliqua Lecouvreur.

Louise regarda sa locataire. Dans les premiers jours elle méprisait les filles qui, là-