Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/52

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se montrer propices que lorsque sur leurs autels s’amoncelaient les offrandes, lui ne consent à ouvrir et à fermer ses vannes qu’après avoir touché de mystérieux péages, acquittés de plus ou moins bonne grâce par les mariniers, devant le comptoir de Lecouvreur :

— Cette fois, ce sera un blanc-vichy, Mimile. C’est le patron de la « Belle Rouennaise » qui régale !

Mais Julot connaît ses limites et sait le respect qu’il doit à sa profession. Son génie lui a inspiré une « combine ». Après entente avec Mimile, il totalise les tournées offertes durant la journée et, chaque soir, le litre sous le bras, il rentre à Pantin (où il habite), prendre une cuite dans son lit sans compromettre sa dignité.

… Enfin, la boutique est vide. Louise monte avec Renée faire les chambres du premier étage. Lecouvreur frotte au grès le zinc du comptoir, rince les verres, les essuie méticuleusement, les aligne sur les étagères : verres zébrés des apéritifs, verres à bordeaux, à liqueur, coupes pour la glace, les cerises et le mousseux. Maintenant, une joyeuse lumière éclaire le débit. Le soleil a exaucé le