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XII


Assis à la terrasse, les coudes sur la table, devant un « bordeaux », le père Deborger regarde s’éloigner le palefrin. Cette démarche de vieillard, ces épaules voûtées : sa propre image.

Un geste de protestation lui échappe et il bredouille quelques mots. Non, il n’est pas tombé si bas, lui… N’empêche qu’on le tient à l’écart, qu’on le laisse seul avec ses souvenirs. Solitude qui l’étouffe. Dès qu’il ouvre la bouche : « Père Deborger, ça date de l’ancien temps, votre histoire ! »

Il pousse un soupir découragé. Son corps se tasse comme une masse de glaise ; son visage aux chairs molles, aux traits inexpressifs et veules s’abêtit davantage encore. D’une main tremblante il porte le verre à ses lèvres ; c’est un peu de chaleur qui se glisse