Page:Daire - Physiocrates.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme on le dira tout-à-l’heure, les Maximes et leurs Notes de parvenir jusqu’à nous ; mais il reste incertain de savoir si l’on possède la Table dans toute son étendue, à moins qu’elle ne soit identique avec la série de formules, très peu intelligibles d’ailleurs, accumulées dans l'Ami des hommes par le marquis de Mirabeau.

Postérieurement, Quesnay poursuivit l’exposition de ses théories économiques, dans le Journal de l’agriculture, du commerce et des finances, ainsi que dans les Éphémérides du citoyen ; et en 1768 Dupont de Nemours, son disciple et son ami, tirant du premier de ces recueils, dont il était le rédacteur en chef, tout ce que le maître y avait inséré de plus capital, en composa le livre ayant pour titre : Physiocratie, ou constitution naturelle du gouvernement le plus avantageux au genre humain. Là fut reproduite complètement, d’après l’éditeur[1], et même avec des augmentations, puisque les Maximes y sont portées au nombre de trente et que la Table arithmétique est suivie d’Observations non relatées par Forbonnais, toute la seconde partie du livre imprimé à Versailles. Mais, comme le Tableau économique proprement dit ne s’y trouve donné que sous le titre d’Analyse[2], il est permis de croire, conformément à ce qu’on a dit plus haut, que, dans l’édition de Versailles, cette espèce d’arbre généalogique de la circulation apparaissait avec plus de développement[3].

Un fait plus incontestable que ce point, c’est que peu d’années avaient suffi pour que la science nouvelle, comme on l’appelait alors, préoccupât vivement toutes les intelligences. Sans parler de Gournay, qui y avait été conduit par ses propres méditations, et qui la résumait pratiquement par cette courte formule : laissez faire, laissez passer[4] ; sans parler de Turgot, son illustre élève, les meilleurs esprits du temps avaient

  1. Voyez la note jointe par Dupont de Nemours à l’Avis précédant les Maximes générales du gouvernement d’un royaume agricole.
  2. Du reste, cette analyse avait été faite par Quesnay lui-même. C’est ce qu’atteste encore le marquis de Mirabeau dans ses Éphémérides, volume et page déjà cités.
  3. Voy. Richesse des nations, t. II, p. 220 et 221, un passage d’Ad. Smith, qui jette quelque jour sur cette question.
  4. D’après quelques écrivains, un négociant nommé Legendre, et consulté par Colbert, serait le véritable auteur de cette formule, si violemment combattue de nos jours.