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de sa mort, il prédit qu’il mourrait le lendemain. Le moment étant venu, il se lit porter dans la cour de la maison qu’il habitait, s’agenouilla, et dans cette humble posture, rendit paisiblement le dernier soupir.

Tous les chrétiens, cependant, ne montraient pas un aussi grand courage. En 1797, Luc Hong Nak-min-i, qui avait une dignité assez élevée à la cour, fut chargé d’office de présenter un rapport au roi sur les affaires de la religion. Il fut assez faible pour le rédiger en termes ambigus, et sans se prononcer ni pour ni contre, mais il n’eut pas lieu de se féliciter de sa lâcheté. Le roi, qui le connaissait comme chrétien, lui reprocha son peu de droiture et de franchise, ajoutant qu’un dignitaire public doit toujours parler au prince selon sa pensée. Au lieu de recevoir ces paroles comme un avertissement de Dieu, Luc Hong, dans sa réponse, en vint jusqu’à répéter au roi les odieuses calomnies répandues contre la religion, et à le prier de poursuivre les chrétiens. Le roi fut très-mécontent, et dans la suite, ne manqua pas une occasion de faire sentir à l’apostat son déplaisir et son mépris. Nous verrons plus tard que Luc eut le bonheur d’obtenir de Dieu son pardon et la grâce du martyre.

En cette même année 1797, Han Iong-hoa, gouverneur de la province de T’siong-t’sieng, résidant à Kong-tsiou, donna ordre à tous les mandarins de sa province d’emprisonner les chrétiens et d’anéantir à tout prix leur religion. Cette mesure violente donna lieu à de nombreuses arrestations, mais Dieu seul aujourd’hui sait le nom de ceux qui souffrirent alors pour sa gloire. Les mémoires du temps ne nous ont conservé le nom et l’histoire que d’un de ces martyrs, celui qui est resté le plus célèbre, Paul Ni To-kei.

Paul, né dans le district de Tsien-iang, province de T’siong-t’sieng, n’avait pas étudié les lettres, mais à l’école de l’Esprit-Saint, il avait appris l’amour de Dieu et la pratique sincère des vertus chrétiennes. Sa petite fortune fut, par lui, employée toute entière à la conversion des païens. Son zèle ayant attiré sur lui l’attention des ennemis de notre sainte religion, il dut cinq ou six fois changer de résidence, et chacun des lieux où il se retira, devint bientôt une fervente chrétienté. Enfin il s’établit dans une fabrique de poteries, du district de Tieng-san, et y vécut d’un petit commerce. Or, tous ceux qui l’entouraient étaient païens ; il s’appliqua à leur faire connaître le vrai Dieu, et y réussit si bien, qu’en peu de temps, tout le village fut converti. Quand parut l’ordre du gouverneur, un païen nommé Kim, qui