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cachées avec grand soin dans la doublure de leurs habits. À Pien-men, ils se mettaient en rapport avec les courriers chinois au moyen de certains signes convenus, et rechange des lettres se faisait. Quand, pour une raison ou pour une autre, cet échange était empêché, les missionnaires ne pouvaient ni donner ni recevoir aucune nouvelle. C’est ce qui arriva en 1851. Les courriers coréens porteurs des dépêches, ayant éprouvé des difficultés inattendues, ne purent pas franchir la frontière au jour marqué ; les chrétiens chinois ne les attendirent pas assez longtemps, et craignant de se compromettre, regagnèrent l’intérieur de leur pays. Mgr Ferréol ne reçut donc pas la lettre de M. Maistre, et aucune barque chrétienne ne fut envoyée au lieu du rendez-vous.

À la première lune, M. Maistre et son nouveau compagnon arrivèrent près des côtes de Corée ; personne ne se présenta pour les recevoir. Heureusement ils avaient avec eux deux chrétiens coréens que M. de Montigny, consul de France à Chang-haï, avait amenés, quelque temps auparavant. Voici à quelle occasion. Un baleinier français avait échoué sur les côtes de Corée, et l’équipage, retenu prisonnier, courait le plus grand danger. M. de Montigny loua une lorcha montée par quelques matelots résolus, et, accompagné de deux Anglais de bonne volonté, alla les réclamer. L’adresse et l’énergie qu’il déploya en cette circonstance furent couronnées d’un plein succès. Pendant les pourparlers qu’il eut avec les mandarins, le P. Thomas T’soi ayant réussi à se mettre secrètement en communication avec lui, avait envoyé ces deux hommes à bord de la lorcha, dans l’espoir de faciliter rentrée de M. Maistre. Après quelques jours d’attente, le plus jeune et le plus courageux de ces chrétiens put opérer sa descente sur la presqu’île coréenne : il devait préparer les moyens d’introduire les missionnaires, et revenir sans faute et au plus tôt les chercher, s’il n’était pas découvert et mis à mort. Plusieurs jours s’écoulèrent, l’intrépide messager ne reparut pas. M. Maistre voulait attendre plus longtemps, mais le pilote chinois craignant d’être inquiété par les Coréens s’il demeurait près de la côte, reprit la mer et retourna en Chine. S’il eût attendu quelques jours de plus, les vœux des missionnaires eussent été satisfaits, car peu après leur départ, une petite barque coréenne, montée par leur envoyé, par d’autres chrétiens, et par deux jeunes élèves qui devaient passer en Chine et de là à Pinang pour continuer leurs études ecclésiastiques, se dirigeait vers le lieu du rendez-vous. Après une nuit de vaines recherches pour découvrir la