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COMÉDIE.

D. JUAN.

Je ſuis de ce coup-là ſenſiblement touché.

FABRICE.

Vous avez bien raiſon d’en être bien fâché.

D. JUAN.

Je le ſuis d’autant plus, que j’aurois dû me rendre
Auprès de lui plûtôt qu’a Valence.

FABRICE.

Auprès de lui plûtôt qu’a Valence.À tout prendre
Vous euſſiez fort bien fait.

D. JUAN.

Vous euſſiez fort bien fait.Pour réparer ce tort ;
Je pars dans le moment & quitte Leonor.

D. ANDRÉ.

Et cet éloignement vous cauſe de la peine ?

D. JUAN.

Un noir preſſentiment, je l’avouërai, me gêne…
Mon cœur ne fut jamais dans un état pareil…
Ami, dans cet état, j’ai beſoin de conſeil…
Que feroit D. André, s’il étoit en ma place ?

D. ANDRÉ.

Qui moi : je ne vois pas ce qui vous embaraſſe ;
Sur les ſoins d’un ami je me repoſerois,
Et partirois tranquille autant que je pourrois.

D. JUAN.

Oh ! pour tranquille, non, la choſe eſt impoſſible.

D. ANDRÉ.

Vous croiez Leonor à d’autres feux ſenſible !

D. JUAN.

Ce funeſte ſoupçon m’allarme malgré moi ;
Je voudrois l’éclaircir.

D. ANDRÉ.

Je voudrois l’éclaircir.Donnez-moi cet emploi.
Je ſçaurai m’y conduire avec le même zèle,
Mêmes ſoins, comme ſi j’etois amoureux d’elle ;
Enfin.