Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/125

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aſſés corrompu pour vouloir excuſer la licence des ſujets qu’il a choiſi ; auſſi ne conſeille-je pas aux peres & meres d’affecter de faire voir ſes Piéces à de jeunes filles. L’enfance, les premieres années de l’adoleſcence laiſſent encore trop de pouvoir ſur leur cœur à des impreſſions libertines : mais vous m’avouerez que ce qui eſt très dangereux à douze ou quinze ans, eſt très indifférent à vingt-cinq ou trente. On ſçait alors beaucoup plus que les Piéces de Dancourt n’en peuvent apprendre. La lecture ou la repréſentation de ces Comédies n’eſt donc pas plus dangereuſe que ces chanſons bachiques qu’on entonne aux deſſerts de preſque tous les repas joieux, & qui pourtant n’ont jamais fait un ivrogne d’un buveur d’eau.

Ce ſont des jeux d’eſprit d’autant moins dangereux qu’ils ne ſont reçus que pour ce qu’ils ſont. Regnard eſt néanmoins bien plus facile à diſculper que Dancourt, ſur-tout par rapport au Légataire : cette Piéce qui vous fait proférer cette longue Capucinade.

C’eſt une choſe incroiable, qu’avec l’agrément de la Police, on joüe publiquement au milieu de Paris une Comédie où dans l’appartement d’un oncle qu’on vient de voir expirer, ſon neveu l’honnête homme de la piéce, s’occupe avec ſon digne cortege, des ſoins que les loix paient de la corde. Faux acte, ſuppoſition, vol, fourberie, menſonge, inhumanité, tout y eſt, tout eſt applaudi.

Quelle déclamation ! Mais on y peut appliquer cette penſée.