Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/111

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cette terre de douleur est entourée, nous parvînmes, après de longs détours, aux murailles de fer qui défendent la cité, et le nocher farouche nous dit :

— Descendez, voilà l’entrée.

Des milliers d’anges [4], enfants déshérités des Cieux, gardaient la porte de la cité. A ma vue, ils se disaient en frémissant :

— Quel est celui qui ose, encore vivant, fouler la région des morts ?

Mais le sage qui me guidait étendit la main comme pour demander un entretien secret : son geste suspendit leur courroux.

— Approche donc seul, dirent-ils, et laisse là ce téméraire qui n’a pas craint de visiter notre empire : demeure avec nous et que, dans sa folie,

il aille retrouver sans toi ses vestiges perdus dans la nuit.

Quelle fut ma consternation à ces paroles cruelles, qui m’ôtaient pour jamais l’espoir du retour !

— Ô bon génie ! qui tant de fois avez ranimé ce cœur défaillant, vous dont le regard tutélaire me guidait sur le bord des abîmes, ne m’abandonnez pas, m’écriai-je dans ma détresse ; et si l’abord de ces lieux nous est fermé, retournons plutôt ensemble sur nos premiers pas.

— Rassure-toi, me dit le sage, et crois que le bras qui nous soutient brisera ces obstacles : je ne t’abandonnerai pas dans ces de-