sages, éternel aliment des flammes, et je ne pus en reconnaître un seul : mais j’aperçus des bourses diversement colorées qui pendaient à leurs cous ; et chaque infortuné semblait encore en repaître sa vue. En m’approchant davantage,
je découvris sur une bourse tissue d’or un lion peint de l’azur des
cieux [4] ; et, promenant mes regards plus loin, je vis une oie, blanche comme la neige, éclater sur la pourpre [5]. Enfin un des coupables, qui portait une truie azurée sur une toile d’argent, me cria [6] :
— Que fais-tu dans cette fosse ? Éloigne-toi : mais puisque tu vis encore,
apprends que je garde à mes côtés une place pour Vitalian [7] : je suis
tombé des champs de Padoue parmi ces Florentins dont les cris importuns appellent sans cesse l’illustre chevalier aux trois boucs [8].
Il parlait ainsi, et tordait autour de ses lèvres sa langue desséchée, comme un taureau qui lèche ses naseaux écumants : et moi qui n’avais point oublié la parole de mon guide, je revins à lui en m’éloignant de ce spectacle de douleurs.
Il était déjà monté sur les puissantes épaules du monstre :
— Rassure-toi, me cria-t-il ; il n’est pas d’autre chemin pour descendre dans l’abîme : tu vas t’asseoir devant moi, et je te couvrirai des atteintes de son dard.