Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/60

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toi, et je t’ai dérobé aux fureurs du monstre qui garde l’immortelle colline. Pourquoi donc demeures-tu sans force ? Pourquoi ne relèves-tu pas ce front abattu, puisque tu as dans les Cieux trois âmes heureuses [6] qui t’aiment, et dont ma voix te promet la faveur ?

Tel qu’une fleur dont les froides ombres de la nuit avaient courbé la tête relève au matin sa tige abattue, et se récrée à la chaleur du jour, ainsi mon cœur languissant se ranima, et je répondis avec confiance :

— Bénie soit celle qui a pris pitié de moi, et béni soyez-vous qui n’avez pas rejeté ses larmes ! Vos paroles ont rappelé ma vertu première : me voilà ! vos volontés seront les miennes ; vous êtes mon guide, mon sauveur et mon maître.

Ainsi parlai-je ; et l’ombre étant descendue, je la suivis dans un sentier sauvage et ténébreux.