Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/82

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CHANT V


ARGUMENT


On trouve le juge des Enfers à l’entrée de ce deuxième cercle, où sont punies les âmes que l’amour a perdues. — Description de leur supplice. Aventure de Françoise d’Arimino.


Déjà nous descendions à la seconde enceinte de l’abîme : de son contour plus resserré s’élevèrent des cris plus aigus. C’est là que gronde sans cesse le monstrueux juge des Enfers. Assis à la porte, il pèse les crimes, les juge, et les condamne d’un signal.

Quand une âme marquée du sceau de la colère arrive en sa présence, elle se dévoile tout entière ; et ce scrutateur des consciences, jetant autour de ses reins sa queue tortueuse, désigne par le nombre de ses replis quel sera le gouffre où doit tomber le coupable. Son tribunal est sans cesse entouré de criminels qui viennent en foule, s’accusent tour à tour, entendent la sentence, et sont précipités [1].

— Ô toi qui oses violer l’asile des douleurs, s’écria le juge en me voyant, et suspendant son redoutable office, tremble avant de t’engager sur la foi de ton guide, et méfie-toi du facile accès des Enfers.