Page:Dante - L’Enfer, t. 2, trad. Rivarol, 1867.djvu/108

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sina un Sachetti. Le poëte insiste sur la nécessité de cette vengeance ; ce qui est tout à fait dans les mœurs italiennes, et, j’ose dire, conforme à la justice. Dans une république agitée de guerres civiles, où les lois ne sont plus écoutées, ou le souverain déguisé n’a plus de droits, chacun rentre dans les siens : il faut alors qu’un meurtre soit puni par un meurtre, et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’ordre naisse enfin de l’excès du désordre.

[4] On peut lire, au livre VII des Métamorphoses, la description de cette peste, qui dépeupla l’île d’Égine : Jupiter changea en hommes toutes les fourmis de l’île, pour la repeupler.

[5] Ce charlatan se nommait Grifolin. Il voulut vendre le secret de voler à Albert, bâtard de l’évêque de Sienne. Le jeune homme donna, en effet, beaucoup d’argent à Grifolin, qui se moqua de lui : mais l’évêque, instruit de la supercherie, fit condamner au feu, comme sorcier, celui qui venait de prouver qu’il ne l’était pas, puisqu’il n’avait pu s’envoler. Cet évêque se croyait père d’Albert, pour avoir aimé sa mère ; mais il paraît que les infidélités de cette femme avaient rendu la paternité du prélat fort incertaine.

[6] Le poëte frappe d’un seul coup sur les Français et les Siennois. En effet, si le témoignage des historiens et des poëtes étrangers ou nationaux suffit, après sept à huit cents ans, pour établir le caractère d’une nation, il est incontestable qu’on ne peut sans injustice refuser la frivolité aux Français.

[7] Tout ceci est ironique. Plusieurs jeunes gens de Sienne, tous fort riches, vendirent un jour chacun leur patrimoine, et firent une bourse commune, d’où ils tirèrent sans mesure et sans défiance jusqu’à ce qu’il n’y restât plus rien. Ils tombèrent alors dans la plus affreuse misère. Outre les plaisirs ordinaires, ils aimaient beaucoup à monter des chevaux ferrés d’argent, espèce de luxe fort à la mode en ce temps-là.