Page:Dante - L’Enfer, t. 2, trad. Rivarol, 1867.djvu/112

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CHANT XXX


ARGUMENT


Suite de la dixième vallée. Le poëte poursuit trois sortes de faussaires : ceux qui ont falsifié leur propre personne, les faux monnayeurs et les faux témoins.


Lorsque Junon, furieuse contre Sémélé, poursuivait sur tout le sang thébain le cours de ses vengeances, Attamas, frappé de vertige, voyant accourir sa femme, qui portait ses deux fils, s’écria : « Tendons les rêts, voici la lionne et ses lionceaux ; » et lui-même allongeant ses bras, et saisissant le plus jeune, l’agite en cercle, et de sa main désespérée le froisse contre les rochers : soudain, la mère et son autre fils s’élancent dans les flots [1]. Et quand la fortune eut renversé les hautes destinées d’Ilion, et frappé sur ses ruines le dernier de ses rois, Hécube supporta ses rudes pertes, et sa misère, et sa captivité, et le spectacle de sa fille égorgée : mais, trouvant un jour son Polydore sans vie, étendu sur un rivage, l’infortunée aboya de douleur, et sa raison ne connut plus de frein [2].

Mais les Furies, qui mirent en deuil la ville de Priam et les remparts de Thèbes, n’étaient pas comparables aux deux ombres pâles et