Page:Dante - L’Enfer, t. 2, trad. Rivarol, 1867.djvu/99

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Un jeune homme nommé Buondelmonte, qui devait épouser une demoiselle de la maison des Amidei, leur fit l’affront d’épouser une Donati. Aussitôt les offensés et tous les amis se rassemblèrent pour délibérer sur la vengeance ; mais Mosca, bouillant de colère, dit qu’il fallait agir et non délibérer, et, ayant rencontré le coupable, le perça de plusieurs coups de poignard. De là naquirent ces querelles interminables de famille à famille dont Florence fut si longtemps travaillée.

La maison des Uberti, comme nous l’avons déjà vu, fut rasée et leur race exilée à jamais. Mosca se retire doublement malheureux par les maux qu’il a faits à son pays et par la ruine de sa famille qu’il vient d’apprendre. Tout ceci devait être bien frappant aux yeux des Florentins, qui se rappelaient le crime de Mosca, qui voyaient dans les rues la place où avait été le palais des Uberti, et qui entendaient chaque jour dans leur église les imprécations qu’un prêtre lançait, par ordre de la République, contre cette maison. (Voyez la note 5 du chant X.)

[10] Bertrand de Bornio. Henri II, roi d’Angleterre, le plaça auprès du prince Jean son fils, qui employait des sommes considérables en folles dépenses. Bertrand, au lieu de prêcher la modération au jeune prince, lui inspira l’indépendance et le fit révolter contre son père. On en vint aux mains, et Jean fut blessé à mort dans le combat. On rapporte qu’ayant emprunté cent mille florins aux Bardi, de Florence, il mit dans son testament cette clause où on remarque je ne sais quel mélange d’héroïsme et de superstition : « Je donne mon âme au diable, si le roi mon père ne tient pas mes engagements avec les Bardi. »

Le poëte continue de proportionner et d’approprier la peine au délit. Seulement, dans le supplice de Mahomet, on est fâché de le voir passer du terrible à l’atroce et au dégoûtant. Son cœur palpitant à découvert, n’est déjà que trop fort : mais comment rendre il tristo sacco che merda fà di quel che si tran-