Page:Dante - L’Enfer, t. 2, trad. Rivarol, 1867.djvu/98

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ture ; enfin, il chercha la persécution et la gloire. On est frappé des rapports qu’eut ce novateur avec un écrivain de nos jours ; la seule différence se trouve dans la catastrophe.

[4] Par cette phrase, Mahomet s’arrête, parle et marche à la fois, il est moitié sur terre et moitié en l’air. C’est une grande finesse de l’art que ce style toujours remuant, qui fait sans cesse travailler l’imagination. Le secret consiste à suspendre l’action au moment où elle se fait, et à ne jamais la peindre achevée. Les grands peintres saisissent toujours ce demi-chemin d’action qui laisse deviner ce qui vient de se passer et ce qui va suivre. En représentant l’action déjà faite, le tableau n’a plus de mouvement ; un coup d’œil suffit au spectateur, dont l’imagination n’espère plus rien.

[5] Pierre de Médicina était un intrigant qui sut gagner la confiance des différents princes d’Italie ; mais il ne profita de l’accès qu’il avait auprès d’eux que pour les brouiller ensemble.

[6] Guido Casero et Angiolello Cagnano étaient les deux premiers citoyens de Fano. Malatestino, tyran de Rimini, leur manda un jour de venir dîner avec lui, sous le prétexte de quelque affaire importante. Ils s’embarquèrent sans défiance ; mais leurs guides, suivant l’ordre secret qu’ils en avaient reçu, les jetèrent dans la mer, près de Cattolica.

[7] Malatestino était borgne et bossu.

[8] Cette ombre est celle de Curion, chassé du Sénat pour son attachement au parti de César. Il passa dans son camp et c’est dans Lucain qu’on trouve les paroles que lui prête Dante :

Tolle moras ; semper nocuit differre paratis

[9] Mosca, de la maison des Uberti : le même dont a été parlé au chant VI.