Page:Dante - La Divine Comédie, 1829, trad. Deschamps.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
7
CHANT I.

Avant de secouer l’onde du gouffre amer,
Heletant, se retourne et regarde la mer,
Mon âme qui fuyait, au bout de la carrière,
S’arrêta pour jeter un regard en arrière
Vers ce bois formidable où l’on va si souvent,
Et d’où ne sort jamais aucun homme vivant.
Quand j’eus repris haleine, en me couchant à terre,
Je me mis à marcher par ce lieu solitaire ;
J’avançais avec peine, et faisant mille efforts,
Car mon pied le plus bas soutenait tout mon corps[1] ;
Voilà que tout-à-coup, auprès de la montée,
Une agile panthère, à la peau tachetée,
Parut devant mes yeux, et d’un air calme et fier,
S’emparant du chemin, sembla me défier.

  1. Attitude d’un homme qui monte.