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CHANT TRENTE-DEUXIÈME.

31. — Vivant suis-je, ce fut ma réponse ; et si à la renommée tu aspires il pourrait te plaire que je joigne ton nom aux autres que j’ai notés.

32. Et lui à moi :« Du contraire j’ai le désir. Va-t’en d’ici, et ne me fatigue pas davantage ! mal sais-tu flatter dans cette fosse. »

33. Alors je le pris par le chignon, et dis : — Il faudra que tu te nommes, ou que pas un poil ici-dessus ne te reste.

34. Lors, lui à moi : « Pourquoi me pèles-tu le crâne ? Je ne te dirai qui je suis, ni ne te l’indiquerai, quand mille fois tu me foulerais la tête. »

35. Je tenais déjà ses cheveux roulés dans ma main, et je lui en avais arraché plus d’une mèche, lui aboyant les yeux tournés en bas,

36. Lorsqu’un autre cria : « Qu’as-tu, Bocca ? Ne te suffit-il point de claquer des mâchoires, si encore tu n’aboies ? Quel diable te touche ? »

37. — À présent, dis-je je ne veux plus que tu parles, méchant traître ; à ta honte, je porterai de toi des nouvelles vraies.

38. « Va, répondit-il, et conte ce que tu voudras. Mais, si tu sors d’ici, ne te tais point de celui qui tout à l’heure a eu la langue si prompte.