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CHANT VINGT-UNIÈME.

31. « Là encore on me nomme Stace : je chantai de Thèbes, puis du grand Achille ; mais sous la seconde charge en chemin je tombai [9].

32. « De mon ardeur furent la semence les étincelles de la divine flamme qui m’embrasa, et à laquelle se sont allumés plus de mille.

33. « Je parle de l’Énéide, qui me fut une mamelle et une nourrice de poésie : sans elle je n’eusse pesé une drachme.

34. « Et pour avoir vécu là quand vivait Virgile, je consentirais que, d’un soleil [10] plus que je ne dois, fût retardée la fin de mon bannissement. »

35. Virgile, à ces paroles, vers moi se tourna, d’un visage qui, en se taisant, me disait : Tais-toi ! Mais ne peut la vertu tout ce qu’elle veut.

36. Le rire et les pleurs suivent tellement la passion qui les excite, qu’ils n’obéissent point au vouloir, et moins encore chez les plus vrais.

37. Je souris donc, comme celui qui fait signe : sur quoi l’ombre se tut, et me regarda aux yeux, où plus se retrace l’image véritable [11].

38. « Que d’un si grand travail tu recueilles le fruit [12] ! dit-il. Pourquoi ton visage m’a-t-il tout à l’heure montré un éclair de rire ? »