Page:Dante - La Divine Comédie (trad. Artaud de Montor).djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tantôt sous une autre. Pense, ô lecteur ! à mon étonnement, quand je voyais la bête immobile, et que son image, réfléchie dans son idole, offrait des natures différentes.

Pendant que mon âme pleine de stupeur et de joie goûtait avidement de ce mets divin, dont on est de plus en plus insatiable, les trois autres femmes qui s’annonçaient pour être d’un rang plus illustre, s’avancèrent en dansant, et en disant (c’était leur canzone) : « Tourne, Béatrix, tourne tes yeux saints vers ce fidèle ami qui a fait tant de pas pour te contempler ; accorde-nous la grâce de lui dévoiler ta bouche, afin qu’il distingue cette seconde beauté que tu caches. »

Ô splendeur d’une lumière éternelle ! quel est celui qui ayant pâli à l’ombre du Parnasse, ou qui s’étant abreuvé à sa fontaine, ne serait pas découragé en essayant de te reproduire telle que tu me parus dans l’air libre, là où le ciel t’environne de son harmonie !