Page:Dante - La Divine Comédie (trad. Artaud de Montor).djvu/443

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Comme un écolier qui s’empresse de répondre à ses maîtres, sur le sujet qui lui est déjà connu, pour montrer promptement son savoir, je m’exprimai en ces termes : « L’espérance est une attente certaine de la gloire future, provenant de la grâce de Dieu et de mérites précédents. Plusieurs étoiles m’ont fait connaître cette lumière ; mais c’est le chantre de l’immortel Général, qui le premier l’a versée dans mon cœur. Il dit dans sa Théodie : « Qu’ils espèrent en toi, ceux qui ont « connu ton nom. » Et qui ne le sait ce nom, s’il a la foi comme moi ? Par ton épître, tu m’as comme lui versé le même breuvage. Mon cœur en est si baigné, qu’il empreint les autres de votre pluie. » Pendant que je parlais ainsi, dans le sein de cet esprit brillait une flamme étincelante.

Il dit en même temps : « L’amour qui m’embrase de cette vertu que je n’ai pas abandonnée depuis que je suis sorti de la vie, pour recevoir la palme, veut que je m’entretienne avec toi de cette même vertu qui fait tes délices ; et c’est avec plaisir que je t’entendrai me dire ce que l’espérance te promet. »

Je répondis : « Les anciennes et les nouvelles Écritures montrent le point où doivent tendre les âmes que Dieu a chéries, et ce point se fait voir à moi en ce moment même. Isaïe assure que chacune d’elles sera ornée d’un double vêtement, dans le monde qui leur est réservé ; et leur monde est cette douce vie. Ton frère nous manifeste encore mieux cette révélation, quand il traite des vêtements blancs qu’on voit au ciel. »

À peine ces paroles furent-elles proférées, qu’on entendit chanter au-dessus de nous : « Qu’ils espèrent en toi ! » et toutes les caroles répondirent par les mêmes paroles. Ensuite il m’apparut une lueur si claire, que si le signe du Cancer avait une lumière aussi éclatante, l’hiver aurait un mois d’un seul jour.

Telle qu’une vierge joyeuse se lève et se présente pour danser, plus pour faire honneur à l’épousée que pour satisfaire un mouvement personnel de vanité, telle je vis cette lumière s’approcher des deux premières lueurs qui se mouvaient en rond, comme il convenait à leur ardente charité.

Elle accorda sa voix avec celle de la lueur, et Béatrix les regardant attentivement, colorée de la pudeur d’une épouse sage et respectueuse, me dit : « Voilà celui qui eut l’honneur de reposer sur le sein de notre Pélican ; ce fut lui que du haut de la croix Jésus élut au grand devoir. »

Béatrix se tut, et ne cessa de contempler avec la même attention les esprits célestes. De même que celui qui, regardant fixement le soleil, espère