Page:Dante - La Divine Comédie (trad. Artaud de Montor).djvu/444

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qu’il s’éclipsera un moment, mais finit par en être ébloui, de même je considérais cette dernière lueur, lorsqu’elle me dit : « Pourquoi t’obstines-tu à vouloir ainsi pénétrer ce qui n’existe pas ici ? Sur terre, mon corps n’est que terre : il demeurera tel jusqu’au moment où le nombre des bienheureux sera complet, selon la volonté divine. Il n’y a que les deux lumières qui ont monté devant toi, qui dans le cloître bienheureux soient revêtues des deux robes. Tu rediras ces explications dans le monde où tu retourneras. »

À ces mots, la ronde des trois esprits cessa ses doux mouvements et ses chants, ainsi qu’au signal du sifflet les rames qui fendaient l’onde cessent d’être agitées, soit que le pilote craigne un écueil, soit qu’il veuille donner du repos à l’équipage.

Hélas ! que je fus attristé, lorsque m’étant tourné vers Béatrix, je ne pus la voir, quoique je fusse près d’elle, et dans l’heureux royaume !