Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/62

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CANZONE II.

Malade el exalté, il a une vision.

Une dame compatissante, dans la jeunesse de l’âge, et ornée de toutes les distinctions humaines, était là où j’appelais souvent la mort. En voyant mes yeux pleins de tristesse, et en écoutant mes paroles vagues, elle se mit, tout effrayée, à pleurer en abondance. D’autres dames, averties de mon état par elle, qui pleurait auprès de moi, la firent sortir, et s’approchèrent pour s’assurer si je les entendrais. L’une me dit : « Ne dormez plus. » L’autre : « Pourquoi vous découragez-vous ainsi ? » Alors je quittai mes riantes chimères, en prononçant le nom de ma Dame.

Ma voix était si douloureuse, et si brisée par les angoisses et par les larmes, que seul je pus entendre ce nom dans le fond de mon cœur. Alors, avec l’air de honte qui s’était répandu sur tout mon visage, Amour me fit tourner vers elles (ces dames), à qui l’aspectde mon teint paruttel, qu’il leurdonna l’idée de la mort : « Ah ! (disaient-elles,) rendons la force à celui-là. » Et elles priaient humblement les unes et les autres, et me disaient souvent : « Qu’as-tu