Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/63

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donc vu, que tu n’as plus de courage ? » Et quand j’eus repris un peu de force, je leur dis : «Mes dames, je vous le dirai. »

Comme je songeais à ma frêle existence, et voyais combien sa durée pouvait être courte, Amour pleura dans mon cœur, où il habite ; ce dont mon âme fut si troublée, que je me dis en moi-même et en soupirant : « Il faudra donc que ma Dame meure ! » Il me prit alors un tel égarement, que je fermai mes yeux lâchement appesantis ; et mes esprits furent si consternés, que chacun d’eux s’en alla errant. Ensuite, au milieu d’idées factices et en dehors de la réalité, des femmes m’apparurent avec le visage courroucé, et qui me criaient : « Il faut que tu meures ! il faut que tu meures ! »

Ensuite je vis une foule de choses sans formes dans le vain rêve où j’entrais : il me semblait être en un lieu que je ne connaissais pas, et voir marcher des dames échevelées, les unes pleurant, les autres poussant des cris, et qui lançaient le feu de la tristesse. Puis il me sembla voir peu à peu le soleil se troubler, et l’étoile (du soir) apparaître, et l’un et l’autre pleurer ; et les oiseaux tomber en volant dans l’air, et la terre trembler. Alors un homme m’apparut, décoloré et faible, en me disant : « Que fais-tu ? ne sais-tu pas la nouvelle ? ta Dame, qui était si belle, elle est morte ! »

Je levai en haut mes yeux baignés de pleurs, et je