Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vis, semblables à une pluie de manne, les anges qui retournaient au ciel ; ils étaient précédés d’une nuée, derrière laquelle ils chantaient tous : « Hosanna ! » S’ils avaient dit autre chose, je vous le dirais. Alors Amour me dit : « Je ne te le cache plus ; viens voir notre Dame, qui est là gisante. » Mon imagination trompeuse me conduisit voir ma Dame morte. Et quand je Feus aperçue, je vis que des dames la couvraient d’un voile ; et elle avait sur ses traits un air de modestie si pure, qu’elle semblait dire : « Je suis en paix. »

Je devins si humble dans ma douleur, en voyant en elle une si grande humilité, que je m’écriai : « Ô Mort, je te tiens pour très-douce ; tu dois désormais être une noble chose, puisque tu es entrée dans ma Dame, et tu dois éprouver de la pitié et non de la colère. Vois combien je suis désireux d’être des tiens, puisque en vérité je te ressemble déjà. Viens, mon cœur t’appelle. » Puis je me retirai, après avoir épuisé ma douleur ; et quand je fus seul je me dis, en regardant le royaume d’en haut « Heureux qui te voit, belle âme !… » Vous m’éveillâtes alors (dames), ce dont je vous rendis grâces.