Page:Dante Alighieri - La Vie nouvelle, traduction Durand Fardel.djvu/145

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cunes et de rêves. Elles se montraient rarement dans la ville ; mais aux grandes fêtes, religieuses surtout, elles y descendaient se mêler à des foules populaires, grossières, mal odorantes[1], qu’y versaient les populations d’alentour, attirées par l’attrait éternel que les villes exercent sur les campagnes. On pouvait y voir alors des regards étonnés et hautains venir se croiser avec des regards défians ou hostiles.

L’Alighieri, que le signor Folco Portinari avait invité à la fête qu’il donnait, demeurait à Florence dans une maison voisine de la sienne. Il appartenait également au parti Guelfe : les Alighieri étaient Guelfes par tradition de famille. Il était donc du même bord, si ce n’est du même monde. S’il portait un nom honorable, et s’il y a lieu de croire qu’il possédait une certaine aisance, il ne paraît pas avoir tenu une grande place dans le monde de Florence. Il se rendit avec son fils Dante, qui venait d’atteindre sa neuvième année, à cette sorte de garden party.

Suit le récit de la première rencontre du jeune Dante avec la fille de Folco Portinari[2].

  1. Che sostener lo puzzo del villan d’Aguglione. (La Divine Comédie, Il Paradiso, chant XVI.)
  2. Voir page 28.