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CONTES DE NOËL

indoue, jusqu’aux cravates et jusqu’aux boutons de manchettes, tout y passa sans exception.

La famille Van Dighen assistait, impuissante, à cette scène inouïe. Cependant son âme outragée s’éveillait peu à peu. La vue de ces bandits sous ces masques de fête, profanant cette soirée vouée à la paix, à la joie, suscitait une protestation intime. En face de ces rameaux baignés d’effluves mystiques, ce brigandage prenait l’horreur d’un sacrilège. Ces revolvers portaient comme un défi diabolique à tous les souvenirs, à tous les symboles révérés, niaient le Christ, la Vierge, la foi de tout un monde. La honte d’une telle impiété soulevait ces gens à l’égal de la perte de leurs cadeaux. Ce fut bien pis quand Santa Claus, enfournant la dernière étrenne, prononça d’un ton de sarcasme, dans un rire insultant qui secoua sa barbe blanche :

— Faut bien qu’chacun ait son petit Noël ! À présent, reprit-il, amenez les breloques et le comptant que vous portez sur vous.

Il marcha droit vers le banquier, qui tira de ses doigts des bagues, et de ses poches un chronomètre et un rouleau de billets de banque.

— Voici, dit-il très froidement : vous êtes une dégoûtante canaille.