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Page:Dantin - Contes de Noel, 1936.djvu/85

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LA COMÈTE

— Eh ! pas de ça, mon vieux, fit l’apache menaçant. Mais l’injure l’avait pris à l’improviste et cinglé comme un coup de fouet.

Madame Van Dighen à son tour ôta de son cou des colliers, de ses poignets des bracelets de prix.

— De quel droit, dit-elle indignée, osez-vous faire pareil scandale, gâter le Noël de mes enfants ? Il n’y a pas assez d’autres jours pour exercer votre sale métier ? Si vous croyez que ce beau coup vous portera bonheur ! Dévaliseurs de l’arbre de Noël : quelle honte !

Et elle lui jetait en parlant les bijoux et les pierres précieuses, qu’il attrapait sans répliquer, vaguement confus.

Après quoi il reprit son automatique, tandis que l’Esquimau recueillait le tribut de la vieille grand’mère. Mais elle aussi protestait ferme :

— Si votre mère vous voyait ! se récriait-elle. Il faut être pire qu’un réprouvé pour agir comme vous faites. De mon temps vos pareils se balançaient au bout d’une corde.

Le sapin de Noël dominait toute cette scène en un contraste absurde et grotesque, souriant à cette violence, lui prêtant sa gaieté, mettant dans ces yeux indignés des reflets colorés, comiques.