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CONTES DE NOËL

L’Esquimau se tourna enfin vers Hélène Van Dighen, tendant la main d’un signe impératif. Mais elle, pour toute réponse, avant même qu’il pût s’y attendre, s’était lancée sur lui et lui avait, d’un tour de main, arraché son masque. Et alors apparurent les traits d’une figure connue, celle du décorateur de l’arbre, de son aide de l’après-midi.

— Ah ! c’est toi ? fit-elle, méprisante. Je m’en doutais. Bel artiste, vraiment ! Et c’est ça la surprise que tu me réservais ? Moi qui t’imaginais gentil ! Voleur, Esquimau, va !

Et, rapide comme l’éclair, elle lui plantait sur la figure deux gifles solides et sonores.

Le Père Noël avait bondi. « Je tire ! » rugit-il. Mais, sur un geste du jeune homme, il resta seulement le doigt sur la gâchette, l’arme pointée vers la jeune fille.

Il y eut un silence tragique. Les bandits, c’était clair, étaient désemparés par la résistance unanime de ces êtres, même impuissants, Ils ne s’étaient pas attendus à cette réprobation morale. Leurs victimes, d’ordinaire, n’aimaient pas à se faire dévaliser, mais n’y mettaient pas de leçons. L’indignation qui les accueillait ici leur semblait anormale et exorbitante ; ils hésitaient à la braver, à payer d’audace.

Pourtant l’impasse restait périlleuse. Le