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INTRODUCTION.

et celles de saint Pantène, de Clément d’Alexandrie et d’Origène, il y a quelque analogie, mais non pas une exacte ressemblance. Saint Pantène expliquait l’Écriture dans le sens allégorique, comme firent, après lui, Clément et Origène. Ce que disent de cet auteur Eusèbe et saint Jérôme permet de penser que sa doctrine mystique différait peu de celle de saint Denys[1]. Clément d’Alexandrie était profondément versé dans la science de la philosophie païenne. Nul des anciens Pères n’a expliqué l’origine et les systèmes des sectes diverses avec plus de sagacité et de justesse. Il nous avertit lui-même qu’il fut initié à ces connaissances variées par des maîtres grecs et orientaux[2]. C’est pourquoi il ne faudrait pas s’étonner de trouver chez lui, comme dans les œuvres de saint Denys, les formules philosophiques de la Grèce et de l’Orient. Cette remarque s’applique également à Origène dont les écrits ont un caractère prononcé de platonisme et d’orientalisme. C’est même à ce culte exagéré de la philosophie qu’il dut l’espèce d’anathème qui pesa sur sa mémoire ; et aujourd’hui encore la postérité déplore que la splendeur de cette belle intelligence se soit voilée quelquefois sous les ténèbres de la sagesse des Gentils.

2o  Entre la forme dont saint Denys revêt ses explications du dogme catholique et la forme sous laquelle les Alexandrins cachèrent quelques vérités, beaucoup d’erreurs et une foule de choses inintelligibles, il se rencontre vraiment une similitude frappante. C’est ce que manifeste la confrontation du livre des Noms divins avec les Ennéades de Plotin, et avec les Traités et Commentaires que nous a laissés Proclus. Nous pensons assurément que la ressemblance signalée est plutôt dans les mots que dans les choses. Car on peut en croire les Alexandrins eux-mêmes qui avaient le christianisme pour odieux, et la secte des Galiléens pour méprisable, et qui par suite n’au-

  1. Eusèbe, Hist., liv. v, ch. 10. — S. Jérôme, Catal.
  2. Stromat., libro i.