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CHAPITRE IV.


ments grossiers peu propres à recevoir la lumière : aussi elle semble passer outre, et étale sa richesse dans les corps mieux disposés ; mais rien de ce qui se voit n’échappe à l’action universelle de ce vaste foyer. Même le soleil concourt à la production des êtres organisés : il les amène à la vie, les alimente, leur donne accroissement et perfection, les purifie et les renouvelle. La lumière nous mesure et nous compte les saisons, les jours et le reste du temps ; et c’est cette lumière même, quoique alors elle n’eût pas sa forme définitive, qui distingua les trois premiers jours de notre univers, d’après le récit de Moïse. Ensuite, de même que la bonté attire à elle et, en tant que source divine et cause féconde d’unité, appelle en son sein la foule des êtres qui sont dispersés pour ainsi dire, et que toutes choses aspirent à elle comme à leur principe, à leur sauvegarde et à leur fin ; de même que, selon l’expression des Écritures, tout ce qui subsiste vient de la bonté, et a été créé par sa puissance parfaite, et se conserve maintenu et protégé en elle comme en un fond incorruptible ; de même que tout se ramène vers elle, comme à son terme propre, et la désire : les purs esprits et les âmes avec intelligence ; les animaux, par la sensibilité ; les plantes, par ce mouvement végétatif qui est comme un désir de vivre ; les choses sans vie et douées de la simple existence, par leur aptitude même à entrer en participation de l’être ; ainsi, et au degré où elle représente la bonté, la lumière, centre puissant, attire à elle tout ce qui est, ce qui voit, ce qui se meut, ce qui est capable d’éclat et de chaleur, en général tout ce qu’elle enveloppe de ses rayons : voilà pourquoi les Grecs nomment le soleil ἥλιος, du mot ἀολλὴς, parce qu’il rassemble et maintient dans