Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/117

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sœur a fini sa lecture, tout ça, ça ne me dit rien de bon. Ça sent le roussi, mes amis, ça sent le roussi.


― Qu’est-ce que tu penses de ces nouvelles, papa ? demande ma sœur à mon père lorsque le grand-père nous a quittés, le soir, à la dernière maison du village.

― Ma foi, mon enfant, je n’en sais rien ; mais je serais tenté de croire, moi aussi, que ça ne va pas bien.

Nous revenons à pied à Versailles. La nuit tombe comme nous entrons dans le bois et ce soir, je ne sais pourquoi, j’ai peur. Les feuilles mortes que le vent agite ont des frissons singuliers ; il me semble voir remuer des choses dans les taillis ; tout à l’heure, dans un sentier que nous traversions, une branche m’a cinglé le visage et j’ai sauté en arrière en poussant un cri. Et, maintenant, dans la grande allée qui mène à la route, ma frayeur s’accroît devant les formes imprévues des branches noires que fait siffler le vent, devant l’aspect insolite des gros troncs qui ressemblent à des hommes, devant le fouillis mystérieux des buissons où je crois percevoir des bruits de