Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/145

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Le père Merlin sourit. Mon père, qui ne m’a pas vu entrer, m’aperçoit.

― Tu étais là ? Qu’est-ce que tu fais ?

― Papa, j’ai appris tout à l’heure qu’on a aperçu les Prussiens à Ablon. Je venais te le dire.

― À Ablon ! s’écrie M. Beaudrain. Diable de diable !

Et il sort une carte du département qu’il porte toujours sur lui.

― Tenez ! là !

Toutes les têtes se penchent.

― En face Villeneuve-Saint-Georges, dit M. Legros. Mais ils ont la Seine à traverser. On va leur disputer le passage, j’espère. Ah ! si tout le monde fait son devoir…

M. Beaudrain relève la tête. Il a l’air inspiré.

― Faire son devoir ! Oui, tout est, là !… Il faut élever nos cœurs… Élevons nos cœurs ! Sursum corda !…

Sursum corda ! répètent mon père et le marchand de tabac, qui ne savent pas le latin.

Sursum corda ! Haut les cœurs ! Mais, continue le professeur en frappant sur la table, que ce ne soit pas là un vain mot. Prenons dès maintenant l’engagement de défendre, par