Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/146

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tous les moyens en notre pouvoir, le sol sacré de la patrie. Faisons serment…

Ça va devenir intéressant. Malheureusement, mon père s’avise de ma présence.

― Jean, ta place n’est pas ici. Remonte dans ta chambre. Tes devoirs t’attendent.

Le soir, j’ai demandé à ma sœur des détails sur ce qui s’était passé après mon départ. Elle a refusé de m’en donner.

― Mais dis-moi au moins, Louise, si on a prêté serment.

― Oui.

― Monsieur Merlin aussi ?

― Non. Il est parti aussitôt après toi. Il avait ses fleurs à arroser.

― Ah !… Et l’on a fait serment de…

― Ça ne regarde pas les enfants. Tu es encore trop jeune. Tout ce que je puis te dire, c’est qu’il faut élever ton cœur. Sursum corda !…


J’élève mon cœur. Je grimpe tous les matins sur un arbre de la butte de Picardie pour voir si je n’aperçois pas les Prussiens. Quand j’ai constaté l’absence de tout casque à pointe à l’horizon, je vais passer le reste de ma matinée dans le parc. Ce n’est pas bien drôle, le