Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demi-heure, en allant porter de la viande, rue de la Pompe. Et puis, vous savez, c’est dégoûtant, des sauvages comme ça ; ils n’achètent même pas de la viande aux commerçants ; ils traînent derrière eux des bestiaux qu’ils ont volés à droite et à gauche et ils les ont parqués sur la place d’Armes. Comme c’est propre !

― C’est infâme, dit mon père.

― Est-ce qu’ils resteront longtemps à Versailles ? demande Catherine, songeuse.

― Oh ! non. Du moment qu’on a signé une capitulation…

― Une capitulation honorable, fait ma sœur.

― Dans ce cas-là, comme le disait tout à l’heure le patron, ils ont le droit de traverser la ville, mais ils ne peuvent pas l’occuper.

― Çà, dit le père Toussaint, ce n’est pas aussi sûr que du vinaigre.

― Mais, enfin, grand-papa, dit Louise, puisqu’on a signé une capitulation honorable…


Nous apprenons, le lendemain matin, que l’état-major prussien a fait cette réflexion qu’il n’avait pas à traiter avec une ville ouverte. Après quoi il a pris la capitulation et en a fait de petits morceaux.