Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/190

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met au piano et joue deux ou trois valses allemandes. Avant de se retirer dans sa chambre, il nous souhaite très poliment une bonne nuit.

― Un charmant garçon, dit mon père.

― Excellent musicien, dit ma sœur. N’est-ce pas Jean ?

― Oh ! oui… c’est dommage qu’il soit Prussien.

― Ce n’est pas de sa faute, conclut philosophiquement mon grand-père. Les Allemands ne sont pas si féroces qu’on veut bien le dire, au bout du compte… Mais c’est cette damnée Catherine qui m’inquiète.

Mon père aussi semble très inquiet. Je suis sûr qu’il ne ferme pas l’œil de la nuit. Et, le lendemain matin, son inquiétude se change en trouble profond lorsqu’il voit le sous-officier se diriger vers le jardin.

― Vous avez de belles fleurs. Cela vous dérangerait-il de m’apprendre les noms que j’ignore ?

― Mais non, au contraire… avec plaisir…

Mon grand-père et moi nous suivons mon père qui accompagne l’Allemand.

― Quel est le nom de cette fleur rouge ?

― Un géranium.

― Et celle-là ?