Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/202

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commisérations, d’attendrissements. Elle a des apitoiements tout faits, des consolations sur mesure, des larmes à prix fixe. Son temps est mesuré, en effet. Elle ne peut guère s’absenter. Son blessé a toujours besoin d’elle. Supposez qu’il lui prenne envie, à ce monsieur, de faire ceci, de faire cela ― des choses défendues par le médecin.

― Il faut être là, voyez-vous… Les malades, c’est un peu comme les enfants…

Et elle ajoute, tout bas :

― Je n’ai qu’une peur, mais une peur terrible : c’est de finir par porter trop d’intérêt à mon blessé. À force de voir souffrir les gens, on s’y attache ; on ne les considère plus comme des ennemis… Ah ! savoir concilier ses obligations d’infirmière avec ses devoirs de Française !… C’est à faire tourner la tête !… l’humanité !… la patrie !… Je me sauve. À tout à l’heure…


M. Zabulon Hoffner, qui vient nous voir assez souvent, maintenant, se contente d’affirmer que la guerre, c’est bien gênant.

― Les routes sont toutes défoncées ; on ne peut même pas aller à Buc sans se crotter jusqu’aux genoux.