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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/205

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vois sortir du poste que les Allemands ont établi là ?

― Eh ! qui donc ? mon Dieu ! demande le père Merlin intrigué.

― Une femme ! une Française, monsieur !

― Oh ! fait ma sœur.

― Si l’on peut appeler ça une Française. Cette gueuse, vous savez bien, cette rouleuse qu’on appelle ― je ne sais pas pourquoi ― Marie-Cul-de-Bouteille, cette paillasse à soldats qui passait sa vie dans les postes, lorsque nos troupes étaient ici, et que nos troupiers nourrissaient de leurs restes de gamelles.

― En échange de ses bons services, ricane le père Merlin. Vous voyez bien que c’est une Française.

― C’était, monsieur, c’était ; elle a abdiqué ce titre. Quoi ! faire à ce point litière de ses sentiments, se livrer à l’ennemi de sa patrie ! Ah ! ça été plus fort que moi ; malgré le dégoût que m’inspire cette créature, je me suis approché d’elle et je lui ai dit ce que je pensais de sa conduite. Savez-vous ce qu’elle m’a répondu ? Elle m’a répondu que le rata des Prussiens valait bien celui des Français. Alors, ma foi,