Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/21

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heure de plus pour aider Léon à arroser les fleurs. Je l’entraîne dans un coin du jardin.

― Est-ce que Jules t’a parlé de la guerre ?

― Oui.

― Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

― Que c’était bien embêtant.

― Et ta tante t’en a-t-elle parlé ?

― Oui.

― Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?

― Que c’était bien malheureux.

Ah ! comme on voit qu’ils ne s’occupent pas de politique !


Le soir, après dîner, j’ai ma revanche. Les voisins font invasion chez nous. M. Pion, d’abord, le capitaine en retraite qui entre en criant :

― Hein ! qu’est-ce que je vous disais, Barbier ? Ça finit-il par la guerre, oui ou non, cette question Hohenzollern ?

Et Mme  Pion ajoute, en retirant son chapeau :

― Les Prussiens se figuraient, parce qu’ils ont été vainqueurs à Sadowa, qu’ils allaient nous avaler d’une bouchée ! On n’a pas idée d’une pareille insolence.