Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/216

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— Il ne faudra pas garder Jean trop longtemps, dit-elle ; depuis quelques jours, il néglige ses leçons..... Il n’apprend rien, et il oublie très vite…

― Je le ramènerai après-demain, dit le père Toussaint en souriant.


Nous approchons de Moussy. Un paysan, qui guette notre arrivée, nous aperçoit et court prévenir les habitants. Ils accourent et pressent mon grand-père de questions.

― Eh bien ? Eh bien ?

― J’ai réussi. J’ai la grâce, la grâce…

― Oh ! ah ! oh !


Nous traversons le village à grands pas. Les femmes se penchent par les fenêtres et les soldats allemands, dans les rues nous regardent passer d’un air indifférent. Nous trouvons le commandant sur la place ; mon grand-père lui remet la lettre du général.

Il a l’air d’une brute, ce commandant ― d’une belle brute. Je le vois, de profil, pendant qu’il lit la lettre. Il ressemble à un taureau.

― Je suis content que vous ayez réussi, monsieur, dit-il à mon grand-père quand il a