Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/246

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de révolution sociale et demandant la paix à tout prix. Que lui importe l’Alsace et la Lorraine ? Les Français n’ont plus depuis longtemps qu’un désir : vendre cher leurs produits et vivre grassement dans les jouissances de la matière.

Un jour, un article sur Gambetta et la guerre à outrance indigne tout le monde. Gambetta n’est qu’un tribun d’occasion, un rhéteur du café de Madrid, qui, sous le prétexte de défense nationale, vise au triomphe d’un parti. La France est gouvernée par des tragédiens, des tragédiens de petits théâtres, sans engagements fixes.

― C’est épouvantable ! dit M. Legros.

― Peut-être, répond le père Merlin, mais ça me semble assez juste.

M. Legros a un geste d’indignation, mais il se contient. On ne fait même plus au père Merlin l’honneur de lui répondre.

À quoi bon ? Malgré les rodomontades des Allemands, les bonnes nouvelles se succèdent. On remarque que, depuis quelques jours, une animation inaccoutumée règne dans le camp ennemi. Les Prussiens élèvent partout d’énormes retranchements. Ils viennent aussi d’arracher