Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/297

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retourner chez lui. Mais on n’a pas l’air fâché, tout au contraire, de mes longues absences ; ma présence gênait mon père et ma sœur ; et eux qui faisaient grise mine au père Merlin, depuis pas mal de temps, lui font bon visage, aujourd’hui. D’ailleurs, il économise à mes parents des frais de répétiteur ; il me donne des leçons, « pour m’entretenir la main », dit-il. Le fait est que j’apprends beaucoup avec lui ― beaucoup plus qu’avec M. Beaudrain.


L’autre jour, j’ai appris, par hasard, une chose que je voulais savoir depuis longtemps. J’ai appris ce que c’est que le concubinage. J’étais seul dans le cabinet du vieux, au premier étage, lorsque, en regardant par la fenêtre, du côté de la maison de Mme  Arnal, j’ai été témoin d’un spectacle qui m’a fortement étonné. J’ai appelé le bonhomme.

― Monsieur Merlin ! vite, vite, venez voir !

― Quoi donc ? m’a-t-il demandé d’en bas.

― Madame Arnal… Elle est contre sa croisée, dans sa chambre… et elle embrasse le Prussien…, son blessé prussien… Tenez ! tenez ! elle l’embrasse !

― Ce n’est que cela ! a crié le vieux en