Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/308

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rons-le. Et puis, je crois qu’il y a là-dedans une question de patriotisme. Si tout le monde jetait le manche après la cognée…

― Oh ! évidemment, dit mon père.

Mais il me semble qu’il vient de faire la grimace, et Louise, j’en suis sûr, a esquissé une petite moue que je connais très bien : sa moue de déception. Ah ! ma cocotte ! ils sont loin, tes dix-huit mille francs ! Tu peux courir après.


Rage, rage, rage,
Tu mangeras du cirage…


Jules a dîné avec nous, naturellement.

― Hein ! Ça fait plaisir, de manger du pain blanc ! lui dit mon père.

Et la viande fraîche, et les légumes verts, voilà ce qui lui fait plaisir ! Ce qui devrait lui fait plaisir, tout au moins. Mais Jules ne connaît pas son bonheur. Il n’a pas l’air très joyeux. Souffre-t-il du peu de sympathie que nous semblons lui témoigner, de notre manque de démonstrations amicales, de laisser-aller ? Le plaisir de manger du pain blanc ne lui suffit-il pas ? Le fait est que, malgré ses efforts pour paraître gai, il est morose.