Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/35

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― Monsieur n’est pas commode, dit Catherine.

C’est à peu près ça : pas commode, raboteux, à angles droits. Il me gêne. Je me contrains devant lui. Son regard, que je sens peser sur moi, m’a rendu un peu sournois. Paresseux au possible, je joue les studieux ― en truquant de toutes les façons. ― Je lui désobéis rarement. Je n’ai pas peur qu’il me mette à mort, comme Brutus. Je crains qu’il ne me fasse remarquer, de son ton froid, qu’il a la bonté de ne pas me priver de dessert.

À part les deux heures de leçons que me donne M. Beaudrain, le soir je suis à peu près libre. Je ne m’amuse guère. Sans Léon qui vient souvent jouer avec moi, et le père Merlin, notre voisin, que je vais voir presque tous les jours, je crèverais d’ennui. J’aimerais bien aller m’amuser au chantier ; mais mon père me défend de parler aux ouvriers. Un jour, Louise m’a vu causer à l’un d’eux. Elle a mouchardé. J’ai reçu un savon et l’ouvrier aussi.

― Ça t’apprendra à parler à ces gens-là, m’a dit Louise. Avec ça que tu es déjà si bien élevé !

Je voudrais demeurer à Paris. J’ai envie de