Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/62

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Il paraît que l’enthousiasme est énorme, en province, au passage des régiments.

« On s’embrasse, dit la Liberté ― un journal sérieux, ― les mains et les cœurs s’étreignent. Il faut bien le dire, le succès est surtout pour les zouaves et les turcos, qui sont d’un entrain effroyable et d’une verve étourdissante.

« ― Ah ! disent-ils, les Prussiens ont voulu voir la ménagerie d’Afrique ? Eh bien ! ils la verront ! »

« De fait, ils sont effroyables à voir : à moitié nus, coiffés de rouge, l’œil allumé par le patriotisme et le vin ! Pauvre landwehr !

« Au moment où j’écris, douze cents zouaves entrent en gare, perchés sur les wagons, dansant un cancan échevelé et hurlant à pleins poumons. »

Ah ! les turcos ! j’aurais tant voulu les voir passer !… Et les zouaves !


J’en ai vu un ― sur un journal illustré qu’expose le libraire, au bout de la rue. ― Il est couché à plat ventre, en face d’un Prussien qui le regarde, de l’autre côté de la frontière.

― C’est-y joli, Berlin ? demande le zouave.

― Et Paris ?